Journée spéciale: papy Rémy nous fait un clin d’œil de là-haut!

En quittant Noordhoek et l’Océan Atlantique ce matin, nous sommes passés, en 10 minutes, sur l’autre côte de la péninsule du Cap de Bonne Espérance, à Simon’s Town, avec vue sur l’Océan Indien : Je me suis alors demandé: existe t-il un autre endroit au Monde où ces deux Océans sont visibles à moins de 5 minutes d’écart en voiture? Et bien non, il n’y en a pas! Lieu unique, immense chance de voir apparaître devant soi l’Océan Indien tandis que disparaît l’Océan Atlantique du rétroviseur!

Arrivant su False Bay, côté Océan Indien, j’ai dit aux enfants: « A partir d’ici, nous pourrons peut-être voir des baleines si nous avons de la chance! ». Moins d’une minute plus tard, le cétacé tant attendu se présente devant nous, à une quarantaine de mètres, nage, bat des nageoires, recrache de l’eau (par son petit robinet comme nous dit Arthur). Majestueuse, elle nous gratifie de plusieurs sauts lourds qui nous donnent une impression de visionnage au ralenti. Nous sommes émerveillés devant le lent ballet du plus grand mammifère au Monde. Pendant plus d’une demie-heure, nous restons là, à l’observer, scrutant la mer pour deviner à quel endroit elle va émerger encore et encore; nous avons vraiment conscience de vivre des instants magiques, uniques, éphémères. Pendant longtemps, j’ai rêvé de voir un jour dans ma vie une baleine pour de vrai; ce jour est donc arrivé le mercredi 17 septembre 2014 et cette date est particulière pour moi.

J’ai 10 ans tous les jours depuis que nous avons débuté ce voyage, mais peut-être encore plus aujourd’hui; Une autre question a pointé le bout de son nez: toutes ces belles choses, tous ces beaux paysages, toutes ces rencontres auront-elles la même saveur la prochaine fois. Dès lors qu’une chose tant espérée se réalise, et se répète, la magie s’étiole un peu et c’est bien dommage car j’aimerai toujours ressentir cet engouement, à l’identique, à chaque fois que je verrai une baleine sautée à quelques mètres de moi; je n’ai pas envie de m’habituer à ce spectacle somptueux, ni à aucun autre d’ailleurs! Si je devais formuler un vœu ce soir, il se résumerait en quelques mots: j’aimerai que toute leur vie mes enfants conservent leurs yeux d’enfant, leur regard neuf sur les choses. Il n’a l’air de rien mon vœu mais pourtant, en lorgnant tous ces adultes désillusionnés, je me demande où ils ont bien pu égarer les enfants qu’ils étaient autrefois…

C’est le vent qui finit par nous arracher de notre point d’observation. Direction Boulders Beach, où des milliers de manchots du Cap, à peine dérangés par l’Homme, se dorent la pilule sur des rochers, se pelotonnent les uns contre les autres ou font des cabrioles dans les vagues. Leurs cris rauques sont bien étranges et, curieux comme tout, ils s’approchent en se dandinant vers la passerelle où nous sommes parqués (et non l’inverse, pour une fois…). Colonie bicolore, elle incarne l’alliance parfaite du noir et du blanc; et dire qu’il aura fallu 43 années pour abolir l’Apartheid! Peut-être moins de temps perdu si certains en avaient consacré un peu plus à observer la nature…

Pour finir en beauté cette journée fort bien débutée, nous avons improvisé un goûter sur une minuscule plage encerclée d’énormes blocs granitiques et adjacente à celle des manchots. Nous étions les seuls ici, l’unique bruit provenait du ressac des vagues, lorsqu’un manchot solitaire a débarqué, nous ignorant totalement. La danse du manchot en famille, ça vous dit quelque chose? non? et bien à nous, oui!