Voici la liste de ce que nous avions prévu de visiter à partir d’Hanoï:
Nous n’avons evidemment pas suffisamment de temps pour tout ce super programme; alors il a fallu procéder par élimination!
A cette période, il fait très froid à Sapa et dans l’extrême nord du Vietnam en général; nous ne sommes pas très bien équipés en bas de laine, écharpe et moufles… en outre il faudrait au moins quatre à six jours pour en profiter sans courir, en tenant compte des longues distances à parcourir. Notre décision est prise: le nord, ce sera pour la prochaine fois!
Il nous reste quatre jours pour les deux autres sites, du 26 au 29 décembre, car le 30, nous prenons un vol Hanoï-Bangkok, et c’est en Thaïlande que nous conclurons l’Asie, après trois mois de voyage intense et de découvertes fabuleuses.
Pour l’heure, nous nous interrogeons sur la façon la plus optimale et la moins stressante de découvrir Ha Long. En effet, il existe plusieurs manières de l’aborder… Tout d’abord, par les deux ports du nord de la baie, comme tous les touristes, avec 500 ou 600 bateaux au départ chaque jour, dans une ambiance de foire d’empoigne, dans le bruit, entassés à 40 ou 50 dans des bateaux moches et bruyants, le touriste devient alors le poisson à ferrer; l’eau souillée et nauséabonde sature de toute cette masse humaine, le tout en mode « déboire écologique », mais à des prix défiant toute concurrence… (ça commence à moins de 100 euros par personne pour une nuit puis ça monte, ça monte…). Nombreux sont ceux qui, dans ces conditions, en reviennent écœurés…
Nous ne souhaitons pas vivre ce genre d’expérience et nous nous sommes naturellement tournés vers l’option la moins touristique: passer par le sud, c’est à dire par l’île de Cat Bà, d’où partent uniquement les jonques privées. Deux agences francophones proposent des excursions « clef en main »; ce n’est pas notre manière de procéder habituellement mais le timing, la simplicité, les conseils d’autres voyageurs et le Père Noël nous ont porté vers l’agence Oriental Bridge Travel (quartier de la cathédrale). Cette agence, tout comme sa copine « Parfum d’Automne » n’organise que des tours hors des sentiers battus, loin de la foule. Le 24 décembre, toujours à la dernière minute, je me rends à l’agence. L’accueil francophone dans un bureau sans prétention est prometteur; Je demande un devis global pour les deux baies avec un départ le 26 au matin et retour le 29 au soir. une vietnamienne sympa s’occupe de nous faire un devis rapide. Elle nous offre plusieurs possibilités :
- Baie d’Along terrestre (deux nuits) et Baie d’Along (une nuit sur leur jonque « Oriental Sun », deux cabines), pour 1300 USD (950 euros)
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Baie d’Along terrestre (une nuit) et Baie d’Along (deux nuits sur une jonque de l’agence Parfum d’Automne « Majonq », une cabine familiale), pour 1100 USD (770 euros), ce tarif est négocié et nous avons eu une proposition « dernière minute » pour un départ dès le lendemain.
Ces prix, qui paraissent exorbitants, incluent tout, tout, tout pour quatre personnes! Le départ se fait de notre hôtel, en minivan, avec une guide francophone. Le tour se termine à notre retour le 29, à Hanoï, avec le retour à notre hôtel. Tous les repas sont compris, les visites, les entrées sur les différents sites, la location des vélos, le kayak de mer à volonté….
La dame de l’agence bloque les deux jonques jusqu’au lendemain, le temps de choisir éventuellement une des deux options. C’est parfait et aucune pression n’est exercée pour nous vendre tel ou tel tour. Nous pouvons même ne rien choisir du tout…
Nous choisissons rapidement la seconde, moins chère (car c’est une jonque avec une seule cabine) et qui a l’avantage de nous faire passer deux nuits dans la baie.
Et c’est parti!!!
La Baie d’ALong Terrestre du 26 au 27 décembre 2014:
Départ d’Hanoï le 26 décembre, en minivan privé, avec notre guide francophone Kim; En route pour le site de Hoa Lu, la baie d’Along terrestre. Nous nous arrêtons dans un endroit isolé, aucun touriste à l’horizon, pour visiter les grottes de Thien Ha , découvertes en 2012, et qui sont encore très méconnues; contrairement aux grottes de Tam Coc, près de Ninh Binh, d’où partent toutes les barques, à la queue leu leu. Nous embarquons donc dans deux petites barques dirigées au bambou par des vietnamiennes super souriantes! Dans un silence presque inquiétant, noyés dans la brume épaisse, telles deux petits fantômes nos barques glissent sur l’eau puis s’approchent des montagnes. Le soleil n’est pas du tout au rendez-vous et le crachin nous donne l’occasion de nous couvrir la tête de « chapeaux chinois ». Malgré le mauvais temps, nous sommes enchantés par les lieux: les montagnes se dévoilent au fur et à mesure de notre avancée, nous avons l’impression d’être les héros d’un film d’aventures, en quête de terres inexplorées… (j’ai beaucoup d’imagination…).
Puis, après un peu moins d’une heure de navigation, nos barques frôlent enfin les parois rocheuses avant de nous débarquer à l’entrée d’une grotte, très sombre. Personne non plus ici, nous sommes les seuls. Ce sont les rameuses qui nous indiquent le chemin. Nous nous dirigeons à l’intérieur, équipés de lampes torches, et le spectacle de ces concrétions calcaires ascendantes et descendantes nous laissent rêveurs. De nombreuses formes se dessinent devant nous. Nous sommes sous le charme! Chaque son résonne, les enfants s’en amusent pendant la visite où nous déambulons dans deux ou trois salles au sol glissant, puis nous empruntons un escalier taillé dans la roche qui nous conduit à « l’Entrée de l’Empereur ». C’est une visite formidable: Arthur se prend pour Benjamin Gates (l’Indiana Jones des temps modernes). A l’intérieur de la grotte se trouve un embarcadère et nous voici installés dans de petits bateaux, navigant au milieu des concrétions… Génial! Mais le temps passe et nous regagnons nos barques à l’extérieur de la grotte. Le temps semble se lever un peu, nous laissant entrevoir les montagnes un peu plus loin qu’à l’allée. Pas encore de soleil mais le crachin a disparu, nous profitons de la suite de la balade avec plus de lumière et c’est vraiment très beau!
Le chemin est différent et contre toute attente, nos rameuses nous conduisent droit sur une montagne, dans laquelle nos barques s’engouffrent toute entière: nous pénétrons en barque sous la montagne, dans une large cavité si sombre que nos lampes torches sont très utiles. Grace à elles, l’éclairage des plafonds reflètent sur l’eau et forment sous nos yeux incrédules des villes entières immergées, des châteaux engloutis, des maquettes fantasmagoriques! C’est très difficile de décrire que nous nous voyons ici: la barque semble voler au milieu de la grotte, sous sa coque: des paysages rocheux se dessinent, tandis qu’au plafond, un ciel gris se forme sous nos halos lumineux! C’est fantastique et nous sommes tous les quatre subjugués, très occupés à rechercher des ruines cathares, des donjons enfermant d’improbables princesses ou des animaux mythologiques!
A la sortie de cet endroit surprenant, nous restons quelques temps silencieux. Puis le bruit des rames dans l’eau nous ramène tranquillement à la réalité. Apaisés, nous traversons des rizières où des buffles d’eau se promènent, quelque oiseau posé sur leur dos. Et, toujours personne…
Notre promenade en barque dans la Baie d’Along terrestre fut géniale, sans touriste, sans vendeur ambulant et sans aucune pression pour l’achat de nappe brodée, comme c’est l’usage ailleurs. Les rameuses sont juste très souriantes et très sympas, et ne nous vendent rien… Ça fait du bien!
Le retour sur la terre ferme a lieu vers 14h00 et nous avons grand faim! D’habitude, nous partons en quête d’une gargote ou d’un petit resto… mais Kim nous accompagne à la table d’une ferme-restaurant où nous sommes attendus. Notre hôte parlent quelques mots de français et nous indique, dans notre langue, une longue liste de plats… nous pensons devoir choisir… erreur; il va nous apporter un peu de tout! C’est délicieux et nous ne mangeons pas tous les jours comme ça! Au menu soupe de potiron, brochettes de chèvre au sésame, bœuf à l’ananas, nems aux légumes, assortiment de légumes poêlés, riz (évidemment) et en dessert, un joli plat de fruits. Les enfants se régalent et Arthur reprend plusieurs fois des brochettes de chèvre!
Après ce repas mémorable, le minivan nous emmène à Tam Coc, à 20 km environ; c’est là que nous passerons la nuit, « Chez Loan », une guesthouse hyper bien tenue, avec une vue superbe sur les montagnes et les rizières! Nous sommes logés dans un magnifique bungalow très spacieux, avec tout le confort. Chloé est conquise, il y a même un sèche-cheveux 😉 ! De là, nous partons visiter à vélo une pagode dans la montagne. Kim, notre guide, est vraiment très gentille et ses explications claires sont précieuses. Comme habituellement nous voyageons « roots », nous en profitons pour lui poser toutes les questions sur le Vietnam auxquelles nous n’avons pas encore eu de réponse. Elle est très disponible sans être envahissante. La pagode de Bich Dong a été construite en 1615, sur trois niveaux. Cet emplacement a été choisi car, selon les bonzes de l’époque, les montagnes tout autour ressembleraient aux pétales d’une fleur de lotus. Une visite bien agréable, avec une petit grotte où il est possible de faire tinter la cloche des vœux… on s’en est donné à cœur joie!
Pour info, Tam Coc est un endroit très agréable pour faire étape alors que Ninh Binh est une grande ville sans intérêt. Nous recommandons la pension « Chez Loan » où tout le monde est au petit soin, sans parler de la fondue vietnamienne… exquise!
A l’aube, nous prenons notre petit déjeuner avant de partir vers la « vraie » Baie d’Along. Il est 5h30 du matin et notre table est prête, des crêpes toutes chaudes rien que pour nous trônent en son centre! Il y en a pour un régiment, si bien que le cuisinier nous donne le reste bien emballé pour casser la croûte durant le long trajet qui nous attend jusqu’à Cat Bà. Voilà le genre d’attention qui fait la différence! Départ à 6h00, sous la pluie. La conduite du chauffeur nous laisse parfois perplexe… et alors que le bateau doit partir à 9h00, le minivan joue au slalom entre les autres voitures.
Nous arrivons en retard à l’embarcadère d’Haiphong mais Kim a téléphoné au responsable du speed boat afin qu’il ne parte pas sans nous. Avec 20 minutes de retard, nous embarquons donc sur le fil! Le trajet dure moins d’une heure. Chloé et moi nous installons un moment à l’avant du bateau, où les creux se ressentent particulièrement, ce qui nous fait rire aux éclats!
L’île de Cat Bà se dessine enfin, et nous contournons les avancées abruptes, envahies de végétation. Derrière l’une d’elles, apparaissent soudainement des immeubles! Que font-ils là? Ils paraissent décalés et semblent n’être pas à leur place… Ici, dans la ville de Cat Bà, une voiture nous attend pour nous conduire jusqu’à l’embarcadère des jonques privées, situé à cinq minutes de route. Sortis de la ville, nous apprécions les paysages de l’île, très montagneuse et pourvue généreusement d’une luxuriante végétation.
Il est 11h00, le petit port de pêche où nous arrivons sent la crevette; d’ailleurs, de petites bateaux débarquent des bassines entières de ces savoureuses bestioles. Toujours pas de touriste…
Kim passe un coup de fil et une magnifique jonque traditionnelle pointe la bout de sa proue dans notre direction: je suis comme une gamine le jour de Noël en découvrant notre maison de location flottante, elle est superbe, avec ses deux hauts mâts et son pont de bois … Toute l’équipe des Coloriés fait ainsi la rencontre avec l’équipage: le Capitaine Binh , son second et le cuisinier. C’est la fête, les enfants prennent d’assaut les lieux et entrent aussitôt dans leur nouveau rôle d’aventurier marin! Notre cabine familiale est parfaite, tout est parfait et le cuisinier est déjà à l’oeuvre pour le déjeuner…
Et, là, le rêve commence…