La Patagonie Chilienne: Punta Arenas, Puerto Natales et le Torres Del Paine… comme vous ne l’avez jamais vu!

IMG_0276Pour rejoindre le sud de la Patagonie à partir de la région des grands lacs il existe plusieurs possibilités: le bus (très très long, très fatiguant, les yeux rivés sur des paysages exceptionnels, pas si économique que cela et plus de 40 heures de transport avec les enfants… c’est pénible); le bateau (3 à 4 jours de traversée à travers les fjords, embarqué dans un navire marchand, magique mais super cher); et l’avion (efficace, rapide, à partir de 140 euros pour un vol Puerto Montt/Punta Arenas). Nous avons choisi cette dernière solution.

Le 20 avril au matin nous nous envolons donc vers la Patagonie chilienne avec une petite pointe d’inquiétude car l’automne austral peut être assez inhospitalier… pluies abondantes, froid, vent glacial… mais on se lance! En effet, le TDM constitue une occasion unique de découvrir, même rapidement, cette région extraordinaire. A cette époque de l’année la majorité des voyageurs au long cours préfèrent tracer leur chemin du Chili vers l’Argentine, en passant par Mendoza ou Bariloche.

Comme le temps en Patagonie est vraiment incertain à cette période, nous n’y avons prévu que 8 jours; juste de quoi effleurer ce « no man’s land ».

Le vol d’un peu plus de deux heures se déroule impeccablement et vue du ciel, la Patagonie se révèle être fantastique; surtout pour Didier qui décroche une place près du hublot! L’immensité à l’infini, les monts enneigés perçant les nuages, les lacs d’un bleu laiteux, presque épais, puis les langues glacières serpentant entre les massifs andins… Juste FA BU LEUX! d’ailleurs, en plein vol, l’appareil photo a rendu l’âme devant trop de beauté: c’était bien plus que ce qu’il pouvait encaisser… à condition de considérer qu’il ait pu un jour encaisser quelque chose …  je me comprends! L’achat d’un nouveau chasseur d’images sera donc notre mission N°1 à Punta Arenas.

A la sortie de l’aéroport, nous sommes surpris par le soleil bien présent et par les températures qui ne sont finalement pas si basses, mais il n’est que 15h00… nous en saurons plus ce soir. ça y est nous atteignons le point de notre parcours le plus au sud du globe terrestre! Nous n’irons pas jusqu’à Ushuaia (qui d’ailleurs n’est pas non plus la ville la plus australe puisqu’il s’agit de Puerto Williams… que personne ne connait!)

Notre cabanas en ville est chauffée et fonctionnelle, ce qui est déjà très bien. Nous sommes à dix minutes à pied du cœur de la ville, dans un quartier calme. Mais ici, finalement, tous les quartiers sont calmes! Les chiens errants nous accompagnent souvent un petit bout de chemin lorsque nous partons en balade. Punta Arenas est une agréable petite ville du « presque bout du monde », où nous profitons de notre escale pour régler des détails techniques: achat d’un appareil-photo, de chaussettes, de gants, avant de partir vers Puerto Natales qui nous servira de base pour partir visiter le Parc National de Torres Del Paine, certainement un des plus beaux du Chili!

Sur la Place des Armes nous rencontrons des enfants qui manifestent pour la Paix, délivrant aux passants des messages gentils plein d’espoir et des ballons blancs. C’est ainsi que la petite Paloma vient vers moi et me tend un billet orange sur lequel il est inscrit: « tout ce dont nous avons besoin, c’est d’amour ». Tout un programme!

Nous sommes allés faire un tour au marché aux poissons qui fait aussi marché artisanal (beaucoup de choses en lainage): cet endroit ne nous laissera pas un souvenir impérissable…

Par contre, le mirador offre un joli panorama sur la ville et le port. Une promenade le long de la côte et la plage de sable noir est également bien agréable. En soirée, le vent se lève soudainement et la température chute de plusieurs degrés d’un seul coup: heureusement, nous étions bien équipés! Géniales aussi les fresques Street-Art qui parsèment les rues de la ville… ou les arbres « tricotés »!

 

En été, il est possible à partir de d’ici de prendre un bateau pour rencontrer les célèbres manchots de Magellan et bien d’autres animaux marins: lions de mer, baleines… mais tout ce ballet aquatique se termine en mars.

Le 22 avril, nous prenons notre bus pour Puerto Natales, en direction du nord. Les paysages sont merveilleux, l’horizon à perte de vue, les grandes plaines, quelques lacs avec des flamants roses, un peu partout les touches de lichen vert-de-gris, des arbres morts contorsionnés par les vents violents, prenant des pauses tell une armée perdue au milieu de nulle part… mais le tout sous la grisaille… Le trajet passe très vite.

Tout comme Punta Arenas, nous apprécions Puerto Natales qui, sans être jolie, est pourtant agréable. Dès notre arrivée nous achetons nos billets de bus pour l’Argentine car nous sommes en basse saison et la fréquence des liaisons Chili-Argentine est bien moins importante qu’en été. La plupart des compagnies ne vendent plus de billets de fin mars à octobre. Celles qui en proposent encore fonctionnent 2 à 3 fois par semaine. Nous sommes ravis d’avoir de la place pour le vendredi 24 avril, comme nous ne souhaitions.

Nous profitons de l’après midi pour flâner en ville et récupérer la voiture que nous avons loué sur internet afin de nous rendre au Parc national Torres Del Paine le lendemain matin. Pour le même tarif que la petite voiture que nous avons réservé, le gérant nous propose un 4X4 . D’ailleurs sur le parking aucun véhicule ne correspond à une économique ou une citadine… Nous acceptons bien entendu. Le siège auto pour Arthur ne nous est pas facturé. Nous sommes contents! Didier en profite pour faire connaissance avec le maître des lieux: le milodon, animal préhistorique mi-ours, mi-dinosaure…

Au petit matin, nous nous rendons compte au moment de partir à l’assaut du parc que nous sommes crevés… nous n’avons fait que 300 m avec le 4X4, et en ville! C’est un peu grognons que nous retournons à l’agence de location qui n’ouvre qu’à 9h00… On patiente sous la pluie, le moral en berne… il tombe des seaux d’eau, nous devions partir aux aurores car le parc se situe tout de même à deux heures de route, nous n’avons pas contracté d’assurance avec la voiture… bref, c’est la tuile!

Finalement, le gérant arrive et surpris de nous voir là, il arrange tout en 30 secondes: il est désolé pour le 4X4, nous en prête un autre sur le champ, encore plus gros et tout rouge cette fois-ci, comme ça pas besoin d’attendre que la roue de l’autre soit remplacée…  Et nous voilà repartis!

Pour des clichés du Torres Del Paine comme vous ne l’avez jamais vu… suivez le guide! Ici, pas de soleil, ni de lacs bleu azur; pas de cimes enneigées ni de roches acérées se reflétant dans les eaux d’huile! Non, messieurs dames; ce serait trop facile de vous servir du « déjà-vu »…

Les Coloriés vous proposent donc une vision inédite, couleurs d’automne, bercée dans une atmosphère brumeuse qui floute et arrondit tout sur son passage. Les nuages bas et gris anthracite pèsent lourd au dessus de nos têtes. On ne voit pas à cent mètres et la pluie ne cesse de s’abattre sur nous depuis des heures et des heures. Presque fantomatique, le Torres Del Paine (sans Torres!) a su nous enchanté malgré tout! La mélancolie n’est-elle de mèche avec la poésie la plupart du temps?  Une seule pensée en tête à la fin de la journée: Revenir ici avec un sac-à-dos pour arpenter les nombreux sentiers de randonnée sous le soleil cette fois-ci… peut-être…

Avant l’entrée du parc, rencontre avec de curieux moutons. Puis, l’eau gagnant visiblement du terrain, nous sommes heureux d’avoir hérité d’un gros 4X4 pour la journée… Les inondations ont déjà fait des dégâts et des victimes, les éleveurs chiliens sont à pied d’oeuvre pour sauver des eaux les quelques moutons encore vivants éparpillés dans des prairies noyées. D’autres n’ont pas eu cette chance et se retrouvent désormais réunis par paquet de dix sous le regard désolé des paysans.

Une fois notre droit d’entrée auprès des rangers au niveau de la porte nord-est, ils nous informent que les pluies violentes les contraignent à fermer la route d’accès au parc que nous venons d’emprunter: ouf, il était moins une; un peu plus et nous aurions dû rebrousser chemin jusqu’à la porte sud (à une bonne heure de route de là).

Bon, nous y sommes… alors en route!

Rencontre avec nos premiers guanacos (espèce de lamas au poil plus court, blanc et marron) et avec nos premiers rapaces.

Puis les plus téméraires traversent la piste devant nous… ça nous rappelle les grands parcs animaliers sud-africains…

Comme promis: décor automnal noyé dans la brume…

Ajoutons à cela quelques lacs bleu pâle sous un ciel gris-mauve, des arbres en sommeil, la vitalité d’une rivière, une cascade déchaînée et une île improbable…

Nos amis les guanacos nous font encore un clin d’œil, jouant aux ombres chinoises

… Seuls? non, bien sûr que non! Nous avons croisé trois randonneurs dans le parc… qui ont profité de notre passage pour ne pas finir noyés… c’est donc dans la benne de notre 4X4 qu’ils ont terminé le trajet nous menant tous au Lago Grey, où quelques icebergs d’un joli bleu dérivaient sur le lac…

Voilà donc notre version « déluge » du Torres Del Paine! Déluge, si si j’insiste! Au retour, nous avons dû traverser des radiers sortis de nulle-part… et des torrents jaillissaient des parois rocheuses. Bref, après deux bonnes heures de route pour regagner notre maisonnée nous sommes arrivés sains et saufs, exténués mais HEU REUX!

D’ailleurs, nous apprendrons le lendemain aux informations que toute la zone a été placée en alerte rouge à cause des inondations records et de la pluviométrie exceptionnelle 60mm en moins de 12h00!

Après avoir évité le cyclone PAM aux Coromandels, le volcan Calbuco à Puerto Varas et Puerto Montt, nous évitons maintenant le déluge au Torres Del Paine…

Pour autant, cet endroit époustouflant et fantasmagorique nous a complètement envoûté; les paysages emmitouflés dans leur couette automnale et les immenses étendues lunaires nous laissent un goût de liberté absolue. Le Torres Del Paine et ce que nous avons pu voir de la Patagonie chilienne sont un vrai coup de cœur de notre TDM. Jusqu’ici nous n’avons rien vu de comparable, il s’agit d’un dépaysement total. Un seul souhait à présent: REVENIR!

Dès demain, nous partons pour la Patagonie Argentine…

 

 

Infos Pratiques:

Transfert aéroport/hôtel: en minibus de 15 places: forfait de 3000 pesos/personne. Nous n’avons payé que 6000 pesos pour nous quatre (gratuit pour Chloé et Arthur). On donne l’adresse de notre hébergement au chauffeur qui organise un circuit pour déposer chaque personne directement à son hôtel. En taxi traditionnel la course coûte 12 000 pesos.

Hébergement Punta Arenas: Cabanas Joshiken, rue Angamos; mini-F2 de plein pied, avec cuisine équipée/coin repas/séjour/ deux lits simples; une chambre avec un lit double et une salle d’eau. parking et Wifi. Aucun charme mais simple, efficace et bien chauffé. 44 000 pesos/nuit

Achats à Punta Arenas: de nombreuses boutiques de vêtements se situent dans le centre ville. En vue d’un trek il est possible de s’équiper très facilement à Punta Arenas: nombreux magasins spécialités pour l’alpinisme, la randonnée… Cependant, à 3,5 km au nord du centre ville il existe une zone artisanale « Zona Franca » où l’on trouve de tout, de tout, de tout et pour bien moins cher qu’en ville. C’est d’ailleurs là que nous avons acheter notre nouvel appareil photo. C’est possible de s’y rendre à pied en longeant la côte vers le nord ou en taxi (2500 pesos environ).

Bus Punta Arenas/ Puerto Natales: 6000 pesos/personne en semi-cama avec Bus-Sur. 24 000 pour nous quatre. Pas de tarif réduit. 3h00 de trajet. Départ du terminal de bus de chaque compagnie.

Location de voiture à Puerto Natales: (par rentalcars) Europcar au 100, Manuel Bulnes: 64 000 pesos pour une journée et pour une petite voiture économique (c’est très cher les loc° de véhicule en Amérique du sud!). Au final, nous avons eu un 4X4 pick-up pour le même prix! Donc très bonne affaire. Le gérant est arrangeant. Siège auto gratuit pour Arthur.

Parc National Torres Del Paine: droits d’entrée de 18 000 pesos/adulte, soit 36 000 pesos pour nous car c’est gratuit pour les enfants jusqu’à 17 ans.

Pour Info, Prix d’un tour à la journée au PN Torres Del Paine (droit d’entrée au parc non inclus) avec Comapa ou Tour Express par exemple: au départ de Puerto Natales: à partir de 30 000 pesos/personne à partir de 12 ans. 15 000 pesos pour les enfants de 4 à 12 ans. Montant estimé pour notre famille: 105 000 pesos… Il est donc plus économique de louer une voiture à partir de 3 personnes. PS: la visite de la grotte du Milodon proposée avec le tour est une arnaque (4 000 pesos/personne)

Bus Puerto Natales/ El Calafate (Argentine): 15 000 pesos/personne. 60 000 pour nous quatre, avec Turismo Zaajh . Trajet de 5 à 6h00 en comptant les arrêts aux douanes chilienne et argentine. Départ à 8h00 (attention, les horaires changent en fonction des jours de la semaine). Arrivée à El Calafate avant 14h00. (ce jour là, un vendredi, il y avait aussi un trajet disponible avec la compagnie Fernandez, départ à 7h30).

 

 

 

2 réflexions sur “La Patagonie Chilienne: Punta Arenas, Puerto Natales et le Torres Del Paine… comme vous ne l’avez jamais vu!

  1. Coucou les Coloriés, c’est une de mes pages préférées. La nature est tout juste grandiose. William et Guillaume aimeraient tout comme vous, pouvoir s’émerveiller en partant à l’aventure. Merci de partager vos petits bonheur et grand moment TDM. Une pluie de bisous.
    Will,Gui et Véro.

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    • Coucou ma Véro! Effectivement c’était grandiose! C’est presque le bout du monde, ici le temps n’a pas de prise; les gens sont charmants, une paille et une tasse de maté aux lèvres; les cheminées jouent à qui fumera le plus et les routes sont désertes! Un torrent de bisous! Natte et les Coloriés.

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