Bundaberg et Bargara, une étape inoubliable!

IMG_3789Notre petit bonhomme de chemin de tourdumondistes s’enrichit chaque jour de toutes les belles choses que nous découvrons,  de tous les magnifiques paysages que nous traversons, de toutes les rencontres que nous faisons. Néanmoins, notre aventure a les limites que nous lui avons fixées avant le départ et c’est parfois un peu frustrés que nous passons notre tour devant certaines visites qui nous mettent pourtant l’eau à la bouche… comme la grande barrière de corail par exemple.

Cette contrainte budgétaire que nous nous imposons présente pourtant de nombreux avantages: Nous devons être malins au quotidien pour mener notre belle aventure le plus loin possible et les enfants prennent conscience du prix des choses cette année; ils sont devenus plus raisonnables, ne réclament quasiment plus rien, se contentent « d’être » joyeux, en famille, à la plage, de « vivre » des moments supers sympas, de « découvrir », et ils se dépoussièrent peu à peu de « l’avoir » qui a tendance à saboter l’essentiel dans notre société de consommation.

Tenir le budget signifie aussi faire des choix et je dois dire que ceux que nous avons fait depuis le départ ne nous laissent aucun regret. Nous ciblons les visites, sorties et activités « nature » et gratuites essentiellement. c’est surtout vrai pour l’Australie. Cependant, en quatre semaines ici, nous avons réalisé trois sortie payantes:

  • Le Centre de Conservation des Koalas de Philip Island (koalas, 29 dollars pour 4): très pédagogique, formidable aménagement, super souvenir pour toute la famille, y aller de préférence le matin à l’ouverture pour une observation « en dynamique », car en journée, les koalas dorment quand même la plupart du temps. Cf Article Philip Island.
  • le Centre de Conservation Urimbirra de Victor Harbor (Kangourous qui viennent manger dans notre main, koalas que l’on peut caresser, etc… 42 dollars pour 4): bel après-midi avec de nombreux animaux, à recommander, et beaucoup moins cher que les autres réserves croisées su notre route, pas très connu, très peu de monde. Cf Article Péninsule du Fleurieu.
  • Mon Repos  Visitor Centre, plage de Mon Repos à Bargara, près de Bundaberg.

Cette dernière visite est une étape majeure de notre passage en Australie. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai choisi de réserver un hébergement à Bundaberg.

La très tranquille plage de Mon Repos, située à Bargara, seulement à 15 kilomètres de Bundaberg, devient en saison, de novembre à mars, la plus grande maternité de tortues de mer de la côte-est de l’Australie! L’endroit est une réserve nature protégée par des rangers, et rendre visite aux bébés tortues ou aux femelles qui viennent pondre ici est une activité très encadrée, afin de ne pas perturber le grand balai du cycle de la vie des tortues.

Le nombre de personnes pouvant accéder à cette plage protégée est limité à 300 par nuit, par groupe de 60 maximum, se relayant toutes les deux heures. Autant dire que la réservation est nécessaire. Elle se fait soit auprès de l’office de tourisme, soit auprès du centre directement ( Mon Repos visitor centre) ou enfin en ligne (www.bookbundabergregion.com.au). Le tarif famille (deux adultes et deux enfants de 4 à 14 ans) est de 26 dollars seulement.

C’est ainsi que nous arrivons ce soir là, vers 18h30, dans le sous-bois où se situe l’entrée de mon Repos. Nous ne sommes pas les premiers et j’espère que nous ne serons pas très nombreux en ce dimanche, soirée de la finale des internationaux d’Australie de tennis à Melbourne, et en période scolaire…

De très beaux papillons virevoltent autour de nous par dizaines pour nous faire patienter sans doute… Le jour décline paisiblement et déjà les premiers moustiques tentent de nous goûter… mais nous sommes bien équipés! Tant pis pour eux!

Puis les rangers ouvrent le centre et nous accueillent: nous serons 160 cette nuit à nous émerveiller devant ce tendre spectacle! Notre groupe partira vers 19h30; en attendant, le hall propose des panneaux colorés et éducatifs expliquant mille et une choses sur les tortues; des squelettes entreposés en vitrine intéressent grandement les enfants. La maquette d’une green turtle adulte nous laisse pensifs… c’est si gros que ça une tortue? Bien entendu, on y apprend aussi que les tortues sont menacées par les hommes, les filets de pêche, la pollution, le plastique flottant à la surface de l’eau… Un amphithéâtre en plein air propose d’attendre la visite in situ en visionnant des courts métrages sur la vie de ses dinosaures. Bref, bien qu’impatients, nous ne nous sommes pas ennuyés une seconde jusqu’à 19h30.

Un ranger annonce le départ imminent de notre groupe. Nous nous rejoignons sur le ponton de bois, dans la nuit bien éclairée par une lune au trois-quart: la chance! Nous aurons ainsi une meilleure vision. Rassemblés autour de notre guide qui nous donne quelques recommandations d’usage concernant le bruit, les déplacements sur la plage, les appareils photos, l’impatience nous gagne et la crainte aussi; celle de ne rien voir du tout car personne ne peut garantir qu’il y aura des femelles venant pondre ce soir; de même pour les naissances de bébés tortues… Ce sera la surprise et nous espérons qu’elle sera bonne…

Notre groupe de 40 personnes s’avancent vers la plage dans un silence presque religieux. La mer est haute et l’eau scintille sous les rayons de lune. Tout en marchant, nous sommes tous affairés à scruter le sable, de chaque côté, sans parvenir à distinguer quoi que ce soit qui puisse ressembler à une grosse tortue. Pourtant, le ranger semble repérer quelque chose. Nous devons attendre ici sans bruit car si il s’agit bien d’une tortue venant pondre il ne faut surtout pas l’effrayer au risque qu’elle reparte en mer avant même d’avoir déposé ses œufs. Il revient vers nous et nous donne de nouveau des consignes à respecter; nous pouvons approcher derrière la tortue.

La priorité est donnée aux familles avec des enfants et nous nous retrouvons donc en très bonne position pour observer cette magnifique tortue verte de plus de 120 kg et qui mesure 1,40m environ. Elle semble énorme. Statiques, dans la pénombre, nous ne sommes qu’à moins d’un mètre d’elle. Elle creuse lentement le trou au fond duquel elle déposera ses œufs tout à l’heure. Du sable vole de tous les côtés. Arthur et Chloé sont subjugués par l’animal! Nous aussi! Cette phase dure environ trente minutes. Le trou mesure maintenant une quarantaine de centimètres. La belle dame s’installe dessus et la ponte commence. Les photos avec flash sont évidemment interdites et j’utilise la Go-pro pour immortaliser cet instant. Arthur pose beaucoup de questions, cherche à voir sa tête mais nous devons rester derrière ou ne pas l’affoler. Il décrit ce qu’il observe en temps réel et voici quelques phrases de son cru concernant la phase de la ponte:

« C’est dégueu, on dirait un canon qui verse du flan. » Puis: « Oh, les jolis œufs au fond du trou, ah ben non, en fait c’est pas dégueu! »

Le ranger prend deux précieuses progénitures dans sa main et passe nous les montrer de tout près; on peut même les toucher: ils sont gros comme des balles de ping-pong, et assez durs. Il les repose ensuite au fond du trou. En tout, notre chère maman en pondra plus de cent en 20 minutes avant de refermer son nid précautionneusement. C’est à ce moment que le ranger, aidé d’un bénévole de Mon Repos, mesure la tortue et vérifie sa carapace, sa santé… il trouve d’ailleurs sur sa patte une bague qui signifie qu’elle est déjà venue pondre ici. La mémère se repose et se laisse faire sans tenter de s’échapper. Nous sommes émerveillés par ce spectacle unique et rare.

Puis, elle repart lourdement vers la mer et nous l’y accompagnons. Arthur lui fait coucou. L’émotion a rendu Chloé silencieuse. Mais Dame Nature n’a pas fini de nous étonner, à quelques mètres de là, une centaine de frères et sœurs tortues sortent d’un autre nid, qui contenaient les œufs depuis huit semaines, pour gagner la mer à force de persévérance. Et ils s’y vont à la manœuvre! C’est inespéré! Ces bébés tortues ne mesurent que quelques centimètres et ils passent entre nos jambes laissant derrière eux de minuscules empreintes sur le sable… Il y en a partout; quelques-uns s’égarent et le ranger, à l’aide d’une lampe torche, les attire vers le faisceau de lumière dans la bonne direction. Puis tout le monde s’y met, créant une sorte de chemin éclairé les conduisant jusqu’à la mer, une vingtaine de mètres en contrebas. Une fois la mer atteinte, les vagues les repoussent en arrière sur le sable et c’est autant de chemin qu’elles doivent de nouveau parcourir… les courageuses!  Waouh, c’est génial, magique, magnifique, inoubliable!!!

Toute notre aventure ce soir durera plus de trois heures et c’est encore sous le coup de l’émotion que nous regagnons notre hébergement, au cœur de la nuit, des images plein la tête, des souvenirs gravés à jamais dans nos âmes d’enfants.

 

 

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